Le théâtre : une question d’amour !
Curieusement, cet ancien élève du Conservatoire a d’abord été connu grâce à la télé et au cinéma. Il s’attaque au théâtre, la saison dernière, avec Vincent River avant de faire l’affiche du Gardien d’Harold Pinter, un défi majeur qu’il aborde avec humilité et générosité.
Avec Vincent River, vous n’avez pas choisi la facilité !
C’est vrai, mais cette pièce a eu l’avantage de me faire « grandir ». Elle m’a fait comprendre, avec ses émotions, sa force, parfois sa violence, que mon envie était d’être sur scène.
Que s’est-il passé après Vincent River ? Des vacances ?
Non, j’ai eu la grande chance de pouvoir réaliser une adaptation de L’Avare avec Michel Serrault dans le rôle titre pour une diffusion télé prévue durant les fêtes. J’ai dû faire un travail de dingue. Molière est mon auteur fétiche (je sais, ça fait pas très branché !), mais vraiment, c’était un rêve absolu.
Depuis vos débuts, comme ici dans Le Gardien où vous jouez en compagnie de Robert Hirsch et de Samuel Labarthe dans une mise en scène de Didier long, vous avez eu la chance de ne participer qu’à des projets de grande qualité !
Lorsque la proposition est arrivée, je n’ai pas eu à réfléchir très longtemps avant de dire « oui » ! Effectivement, je choisis, et donc j’ai refusé plusieurs propositions (venues de la télé surtout) qui me paraissaient médiocres. Quand je rentre et qu’exténué je regarde un peu n’importe quoi, ce n’importe quoi, je veux bien le voir mais surtout pas le tourner ! Le seul qui pourrait s’en plaindre c’est mon banquier !
Le cinéma est plus porteur ?
Oui, je suis sur plusieurs projets et je croise les doigts afin qu’ils se réalisent. Mais rien n’est plus fragile que de vouloir tourner un long métrage de qualité sans tête d’affiche…
Vous avez un fan-club. Comprenez-vous l’admiration que beaucoup de jeunes vous portent ?
Pas vraiment ! Et puis, est-ce bien raisonnable ? Je crois que j’ai encore tellement de choses à prouver et de défauts à travailler !
Quels sont vos petits plaisirs quand vous ne travaillez pas ?
Je relis l’intégrale des Rougon-Macquart ! Non, sérieusement, j’ai une vraie tendance à l’oisiveté, on m’a dit que c’était dû à mon signe (Taureau)… Je cherche à construire ma vie, à la remplir, notamment par des lectures. Je suis curieux, avec l’envie de connaître le maximum de choses. J’adore m’informer et suis un grand consommateur de podcast.
J’ai le sentiment que vous abordez la trentaine avec sérénité.
J’ai eu, à une époque, mon lot de peurs ; là, tout va bien. Je ressens le sentiment (non partagé par ma voisine qui me prend encore pour un adolescent attardé) d’avoir grandi. Aujourd’hui je me sens plutôt apaisé, même si quelque part, tout reste à faire.
Sur le plan privé : heureux ?
Oui, je crois que j’ai un peu tout ce qui contribue à l’équilibre. Ceci dit, comme tout le monde, j’ai mes périodes de joies et d’autres un peu moins gaies !
Comme dans le travail en somme ?
Oui, et quand je travaille, je suis un moine… enfin je n’ai pas encore prononcé mes vœux !
Philippe Escalier
Le Gardien au théâtre de l’œuvre : 55, rue de Clichy 75009 Paris – M° Place de Clichy
du mardi au samedi à 21 h, matinée samedi 18 h – 01 44 53 88 88
Photo Vincent Fleuret