Dans la petite salle voutée des Déchargeurs, « Le Garçon Nuage » création de Ethan Oliel, comédien époustouflant, est un plaisir rare qui ne peut se refuser.

C’est au moment où vous entendez un texte, sans pouvoir le classer ou la cataloguer, quand il vous étonne et vous fait voyager en changeant d’histoire et de ton, que vous comprenez que vous avez affaire à un écrit abouti qui se fiche bien de l’air du temps. « Le Garçon Nuage » mis en scène par Charly Coïc est un récit formidablement écrit dans un style aux accents classiques (vous aurez même droit à quelques alexandrins) mais carburant à l’énergie et plein de vie. Il est du reste si bien construit autour du thème de l’amour qu’il commence par séduire son auditoire pour ne plus le lâcher. Son auteur, Ethan Oliel, est un poète des temps modernes qui joue avec une force et un brio forçant l’admiration. Tout commence par un besoin d’abandon, une envie de fuir la réalité tout en se laissant aller à ne rien faire. Une envie d’abdiquer après une blessure amoureuse. La citation de Nietzsche citée en épigraphe : « En amour, il y en a toujours un qui joue et l’autre qui est joué ; Cupidon n’est qu’un petit régisseur de théâtre » n’est pas là par hasard. Mais ne comptez pas sur nous pour dévoiler davantage ce que Ethan Oliel raconte si bien et qu’il a sous-titré « Itinéraire d’un mécontemporain énamouré » d’autant que la trame est ici moins importante que la forme. Attendez-vous simplement à rencontrer une surprise à chaque phrase, de la poésie dans chaque mot. Sommes nous dans le réel ou dans l’imaginaire ? Peu importe la réponse, suivez ce garçon sur son nuage et si vous éprouvez un certain vertige, ce sera celui des cimes balayées par le souffle puissant du talent. Merci à lui de nous portez si haut, avec juste quelques mots ! Merci à lui de nous offrir une heure de rêve !
Philippe Escalier