Le Roi Soleil, le retour

Au Dôme de Paris jusqu’au 18 janvier, la comédie musicale culte de Dove Attia et Kamel Ouali fait son retour triomphal dans une version remaniée triomphal dans une version remaniée qui éblouit le public.

Vingt années se sont écoulées depuis que Louis XIV prenait possession du Palais des Sports dans un tourbillon de perruques poudrées et de mélodies pop-baroques. Le pari était audacieux en 2005, il demeure jubilatoire en 2025. Le Roi Soleil retrouve les planches du Dôme de Paris avec cette énergie particulière des spectacles qui ont su traverser le temps sans jamais vraiment quitter l’imaginaire collectif. Dès les premières mesures, on sait qu’on ne viendra pas simplement revisiter un souvenir : on assiste à une célébration vivante, portée par une troupe qui honore l’héritage tout en s’en emparant avec une fraîcheur bienvenue.

Kamel Ouali a repensé sa mise en scène avec une approche résolument contemporaine. Les écrans numériques déploient Versailles en images monumentales, projetant jardins à la française et galeries des glaces dans une scénographie qui oscille entre le spectaculaire et le cinématographique. Certes, on aurait parfois préféré la matière tangible des décors d’antan à ces surfaces digitales, mais l’ensemble fonctionne avec efficacité, particulièrement lors des grandes scènes de cour où la lumière sculpte l’espace avec une précision remarquable. Les costumes signés David Belugou surprennent par leurs tonalités pastel, loin de l’opulence dorée qu’on attendrait d’un règne aussi fastueux, mais cette sobriété trouve sa cohérence dans une lecture modernisée du mythe royal.

Emmanuel Moire reste l’âme du spectacle. Vingt ans après sa première couronne, il incarne Louis XIV avec une autorité naturelle que la maturité n’a fait qu’affiner. Sa voix n’a rien perdu de sa puissance cristalline, et sa présence magnétique traverse la salle avec cette évidence qui fait les grandes figures scéniques. À ses côtés, Louis Delort relève, et avec quel brio, le défi considérable de succéder à Christophe Maé dans le rôle de Monsieur, le frère fantasque du roi. Il y parvient avec une élégance qui lui est propre, apportant au personnage une fougue théâtrale qui fait merveille dans les numéros comiques et dansés. Lou Jean rayonne en Marie Mancini, déployant une maturité vocale impressionnante et un charisme scénique qui capte instantanément l’attention. Margaux Heller campe une Madame de Montespan pleine de tempérament, Clara Poulet apporte dignité et profondeur à Madame de Maintenon, tandis que Vanina touche par sa sincérité dans le rôle d’Isabelle, la fille du peuple. Flo Malley, au timbre si reconnaissable, compose un François de Vendôme vibrant d’énergie.

Le véritable coup de maître de cette nouvelle version tient dans l’équilibre trouvé entre fidélité et renouvellement. Les tubes qui ont marqué une génération entière — « Être à la hauteur », « Je fais de toi mon essentiel », « Tant qu’on rêve encore » — résonnent dans leurs arrangements originaux, preuve que ces compositions n’ont pas pris une ride. Dove Attia a enrichi la partition de quelques nouveautés, dont « Il est à moi » magnifiquement porté par Margaux Heller, qui s’intègre naturellement à l’ensemble. La quarantaine d’artistes présents sur scène déploie une énergie collective impressionnante, particulièrement dans les chorégraphies où Kamel Ouali fait briller sa signature en privilégiant le mouvement et l’exploit physique.

Ce retour du Roi Soleil prouve qu’un spectacle populaire bien conçu peut défier le temps sans se renier. La salle vibre, chante, applaudit avec cet enthousiasme communicatif qui signe les grands rendez-vous collectifs et ils sont nombreux, à la toute fin, à aller se coller à la scène, portables en main, pour saluer les artistes. On ressort de cette représentation avec la conviction d’avoir assisté à bien davantage qu’une simple opération nostalgie : à un spectacle qui continue d’écrire sa légende, porté par des artistes qui en défendent l’esprit avec passion et talent.

Philippe Escalier

Distribution complète du Roi Soleil 2025 au Dôme de Paris :

Solistes principaux

Emmanuel Moire Louis Delort Lou Jean Flo Malley Margaux Heller Clara Poulet Vanina Laure Giordano Marie Goudier Beni Uzumaki

Comédiens

François Feroleto Claude Perron Cédric Chupin

Ensemble (danseurs et chanteurs)

Riya Baghdad Soukeyna Boro Florian Bugahlo Baptiste Copin Antoine Dubois Inès Ferdinand Julien Gabier Aurélie Giboire Thomas Goutorde Amaury Gravel Simon Gruszka Reilly Jean Brassard Jade Joste Romane Lamblin Roméo Langlois Flavie Leveque Morgane Marlange Julien Michea Caitlin Rae Killian Taillasson Roméo Traetto

Enfants

Nathan Dupont Léandro Faria Vilas Boas Nolan Ouali Lenny Gelle Attal Zacharie Marchand Perarnau Rafael Philippe Liwen Si Regnard

Le spectacle réunit ainsi quarante artistes sur scène, composant une troupe qui allie figures issues de The Voice (Louis Delort, Lou Jean, Flo Malley, Margaux Heller, Vanina) et nouveaux talents.

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About Sensitif

Journaliste et photographe dans le domaine du spectacle vivant.
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