Tristan Robin

Né le 17 septembre 1986 à Nantes, Tristan Robin incarne depuis près de quinze ans une nouvelle génération de comédiens français aussi à l’aise sur les planches que devant la caméra. Petit-fils du sculpteur René Robin, il conjugue avec une rare polyvalence les registres du théâtre classique et contemporain, de la comédie musicale et du cinéma, tout en s’aventurant dans les séries télévisées à succès. Son parcours atypique, marqué par une brève incursion dans le métier de maréchal-ferrant avant de rejoindre définitivement les arts de la scène, témoigne d’une détermination peu commune et d’une vocation finalement irrépressible pour le jeu dramatique.


Formé à l’École supérieure de théâtre de Bordeaux en Aquitaine entre 2007 et 2010, Tristan Robin s’est progressivement imposé comme un interprète sensible et technique, capable de passer d’un « Cyrano de Bergerac » moderniste aux côtés de Philippe Torreton à des créations sans paroles signées Mathilda May, tout en nourrissant parallèlement une carrière télévisuelle qui l’a récemment porté jusqu’au feuilleton quotidien « Un si grand soleil » sur France 3. Cette diversité de registres et de médiums fait de lui un artiste complet, dont le sourire communicatif — souvent souligné par la critique — masque une exigence artistique et une sensibilité aiguë aux différentes formes d’expression scénique.


Le chemin vers la profession théâtrale ne fut pas une évidence pour Tristan Robin. Sa formation débute en 2004 au Studio Théâtre de Nantes, alors dirigé par Jacques Guillou. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer pour un futur comédien, sa vocation ne s’affiche pas d’emblée comme une certitude. Après cette première formation, il échoue de peu à intégrer une grande école de théâtre et reçoit un verdict décourageant : on lui reproche de ne pas être « assez construit humainement ». Blessé dans son orgueil, le jeune homme prend alors une décision radicale : il abandonne temporairement le théâtre et se lance dans l’apprentissage du métier de maréchal-ferrant.
Cette tentative de reconversion s’avère périlleuse. N’ayant jamais côtoyé les chevaux auparavant, Tristan Robin se heurte rapidement aux réalités d’un métier exigeant. Un incident faillit même tourner au drame lorsqu’un cheval, d’un violent coup de sabot, défonce un mur et manque de peu de le blesser gravement. Cet épisode providentiel le convainc de retourner au théâtre, déterminé cette fois à affronter les metteurs en scène les plus exigeants plutôt que les équidés imprévisibles.


De retour sur les planches, Tristan Robin décroche rapidement le rôle-titre dans « Roméo et Juliette », mis en scène par Georges Richardeau au Théâtre Universitaire de Nantes. Cette première expérience majeure lui ouvre les portes d’une aventure parisienne singulière : il participe au spectacle « Cabaret » aux Folies Bergère, où il fait partie des barmen du Kit Kat Club reconstitué pour immerger les spectateurs dans l’ambiance du Berlin des années 1930. Bien qu’il assiste à toutes les représentations, il se sent frustré de ne pas être sur scène en tant que comédien à part entière.
C’est lors d’une de ces soirées qu’il rencontre Jacques Collard, adaptateur du spectacle, qui décèle immédiatement son potentiel : « Vous n’êtes pas serveur, vous êtes comédien, n’est-ce pas ? » Cette reconnaissance par un homme du métier, bienveillant et perspicace, ouvre de nouvelles perspectives à Tristan Robin et lui redonne l’impulsion nécessaire pour achever sa formation. Il intègre l’École supérieure de théâtre de Bordeaux en Aquitaine, où il se forme de 2007 à 2010 sous la direction du Théâtre national de Bordeaux-Aquitaine (TNBA), période qui constitue le socle de sa technique et de sa compréhension du jeu dramatique.


Après sa sortie de l’école, Tristan Robin jongle entre théâtre, comédie musicale et télévision, cultivant dès ses débuts cette polyvalence qui deviendra sa signature artistique. L’un de ses souvenirs marquants de cette période reste la pièce « In the dead of night », un hommage au film noir dans une mise en scène chorégraphiée de l’auteur Claudio Macor. Cette production lui permet d’explorer les codes du théâtre gestuel et de développer ses capacités de mime et de danse, compétences qu’il mettra à profit dans ses collaborations ultérieures.


Cyrano de Bergerac : la consécration parisienne


L’année 2016 marque un tournant décisif dans la carrière théâtrale de Tristan Robin. Dominique Pitoiset, ancien directeur du TNBA, lui propose de participer à la reprise de « Cyrano de Bergerac » avec Philippe Torreton dans le rôle-titre, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Ce « Cyrano » audacieux, transposé dans un hôpital psychiatrique contemporain et dépouillé de ses oripeaux traditionnels au profit d’un cadre moderniste, connaît un triomphe critique et public. La mise en scène de Pitoiset, qui valut à Philippe Torreton le Molière du meilleur comédien en 2014, offre à Tristan Robin l’opportunité de travailler aux côtés d’un monstre sacré du théâtre français et de s’immerger dans une vision radicalement renouvelée d’un classique de la littérature dramatique.
Durant six mois, de février à mai 2016, il fait partie de la troupe réunie autour de Torreton, aux côtés d’Hervé Briaux, Adrien Cauchetier, Antoine Cholet, Patrice Costa et d’autres comédiens chevronnés. Cette expérience lui permet de mesurer l’exigence du théâtre de répertoire et de confronter sa jeunesse à la rigueur d’une œuvre d’Edmond Rostand revue à travers le prisme contemporain de la santé mentale et de l’enfermement institutionnel.


Le Banquet de Mathilda May : le mime au service de l’universel


En 2018, Tristan Robin rejoint l’univers singulier de Mathilda May pour « Le Banquet », spectacle sans paroles créé au Théâtre du Rond-Point. Après le succès d’« Open Space », Mathilda May imagine un nouveau huis clos : celui d’un banquet de mariage où tout dérape, une chorégraphie du désastre où les personnages s’aiment, s’affrontent, se retrouvent et se perdent dans un tourbillon drôle et pathétique. Sans un mot, seulement avec des onomatopées et un langage corporel universel, dix comédiens-mimes-danseurs incarnent les travers et les émotions exacerbées d’une humanité rassemblée pour célébrer l’amour.
Tristan Robin fait partie de cette troupe exceptionnelle aux côtés d’Ariane Mourier (qui reçoit le Molière de la révélation féminine en 2019), Arnaud Maillard, Stéphanie Djoudi-Guiraudon, Jérémie Covillault et d’autres interprètes remarquables. Le spectacle, plébiscité par la critique et le public, obtient le Molière de la mise en scène pour Mathilda May en 2019. Il tourne pendant deux ans, au Théâtre du Rond-Point puis au Théâtre de Paris à partir de janvier 2020, totalisant des centaines de représentations et deux tournées.
Cette expérience marque profondément l’acteur, qui développe à cette occasion ses compétences en matière de comédie physique, de mime et de danse. Le spectacle exige une précision millimétrique, des changements de costumes rapides en coulisses et une synchronisation parfaite entre les comédiens, la régie lumière et la bande sonore inventive de Guillaume Duguet. Tristan Robin y affirme sa capacité à communiquer sans mots, à incarner un personnage uniquement par le geste, l’expression et le mouvement — un art qui rappelle les grands maîtres du burlesque et du cinéma muet.


Smile : hommage à Charlie Chaplin


C’est précisément cet univers du cinéma muet que Tristan Robin explore à partir de 2023 dans « Smile », pièce écrite par Nicolas Nebot et Dan Menasche, mise en scène par Nicolas Nebot. Créée à la Nouvelle Ève à l’automne 2022, cette production entièrement en noir et blanc raconte le rendez-vous qui bouleversa la vie de Charlie Chaplin en septembre 1910, dans un bar du nord de Londres. Un jeune homme amoureux en retard, une jeune femme qui s’impatiente, un barman qui s’apprête à réaliser son rêve : la pièce utilise des procédés de mise en scène empruntés au cinéma naissant — ralentis, accélérés, flashbacks, changements de points de vue — pour plonger le spectateur dans l’univers de Chaplin.
Tristan Robin reprend le rôle du barman en alternance avec Dan Menasche, aux côtés de Pauline Bression, Ophélie Lehmann, Éléonore Sarrazin, Alexandre Faitrouni et Grant Lawrens. La pièce, saluée unanimement par la critique, connaît un succès considérable : après plus de 300 représentations et 80 000 spectateurs, elle revient au Théâtre de l’Œuvre pour une troisième saison consécutive en 2025, avant de se produire au Festival d’Avignon. La performance de Tristan Robin y est particulièrement remarquée : il trouve dans ce barman au cœur tendre un personnage à la mesure de la diversité de son talent, entre comédie physique et émotion contenue, jeu clownesque et sensibilité dramatique.
Nommée deux fois aux Molières (création visuelle et sonore en 2023), « Smile » confirme la capacité de Tristan Robin à exceller dans un registre qui mêle hommage cinématographique et théâtre contemporain, tout en démontrant sa maîtrise du mime, de la danse et du jeu sans paroles.


Deux mensonges et une vérité


En 2019, Tristan Robin joue au Théâtre Montparnasse dans « Deux mensonges et une vérité », pièce qui s’inscrit dans le registre de la comédie légère et du boulevard. Cette production lui permet de diversifier son répertoire et de toucher un public plus large, friand de ce type de spectacles divertissants. Elle témoigne de sa volonté de ne pas s’enfermer dans un seul registre et de cultiver une carrière éclectique.


Les débuts avec Volker Schlöndorff


L’aventure cinématographique de Tristan Robin commence de façon inattendue à Nantes, lorsque le grand cinéaste allemand Volker Schlöndorff y tourne des scènes pour son film « Diplomatie » (2013). Alors qu’il donne la réplique en allemand, Tristan Robin est repéré par le metteur en scène, qui décide de l’intégrer à la distribution de ce drame historique intense adapté de la pièce de Cyril Gély. Le film, qui met en scène André Dussollier et Niels Arestrup, raconte la nuit d’août 1944 durant laquelle le consul général de Suède Raoul Nordling tenta de convaincre le général allemand Dietrich von Choltitz de ne pas détruire Paris.
Il s’agit là de sa seconde expérience cinématographique avec Volker Schlöndorff, qui l’avait fait également jouer dans son téléfilm « La Mer à l’aube », adaptation du roman de Dominique Cabrera évoquant l’exécution de vingt-sept otages à Châteaubriant en octobre 1941. Ces deux projets permettent au jeune comédien de se frotter à un cinéma d’auteur exigeant et de comprendre les subtilités du jeu pour la caméra, très différent du jeu théâtral.


Films et téléfilms


En 2010, Tristan Robin apparaît dans « Ici-bas » de Jean-Pierre Denis, drame psychologique qui explore les tourments d’un jeune homme en quête de sens. En 2014, il participe à « En mai, fais ce qu’il te plaît » de Christian Carion, fresque historique évoquant l’exode de mai-juin 1940 à travers le parcours de plusieurs personnages fuyant l’avancée allemande. Ces expériences lui permettent de côtoyer des réalisateurs confirmés et de mesurer l’ampleur des productions cinématographiques françaises.
En 2017, il intègre la distribution de « Valérian et la Cité des mille planètes » de Luc Besson, blockbuster de science-fiction ambitieux adapté de la bande dessinée culte de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières. Bien que son rôle soit secondaire dans cette superproduction internationale, cette participation lui offre une visibilité nouvelle et lui permet de découvrir les contraintes et les possibilités techniques du cinéma à gros budget.
En 2021, il tourne dans « Flashback » de Caroline Vigneaux, comédie fantastique où une femme se retrouve projetée en 1998 et tente de modifier son passé. En 2023, il est à l’affiche de « Sexygénaires » de Robin Sykes, comédie chorale avec Thierry Lhermitte, Patrick Timsit et Marie Bunel, dans laquelle il incarne le fils de cette dernière. Le film explore avec humour les affres de la soixantaine et la crise du milieu de vie.


Séries policières et téléfilms


Tristan Robin multiplie les apparitions dans les séries policières françaises, genre dominant de la production télévisuelle hexagonale. En 2017, il apparaît dans « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie » (épisode « Drame en 3 actes », réalisé par Nicolas Picard-Dreyfuss) et dans « Mongeville » (épisode « Parfum d’amour », réalisé par Marwen Abdallah).
En 2020, il participe à la série documentaire « La Guerre des Trônes » de Vanessa Pontet, Alain Brunard et Bruno Solo, consacrée aux luttes de pouvoir dans l’histoire de France. Il y incarne Louis XIV, rôle qui lui permet d’explorer le registre historique et de se confronter à l’incarnation d’une figure majeure de l’histoire française.
En 2021, il joue dans « Agent Hamilton » d’Erik Leijonborg et dans « On n’efface pas les souvenirs » d’Adeline Darraux. En 2022, il apparaît dans « Cannes Confidential » (« Cannes Police Criminelle ») de Camille Delamarre et dans un épisode de « Tandem » (saison 7, épisode « Verdict », réalisé par Jason Joffre).
En 2023, il tient le rôle de Léo Duval (crédité en tant que guest) dans « Cannes Police Criminelle » et fait une apparition dans « Scènes de ménages », série quotidienne humoristique de M6.
En 2024, il participe à plusieurs téléfilms policiers de premier plan. Dans « Mademoiselle Holmes » (TF1), il apparaît dans la saison 1, épisode 3 intitulé « Sortie de route », sous les traits de Nicolas Belliard, un ami de jeunesse de l’héroïne. Dans « Meurtres à Arles » (France 3), téléfilm de la célèbre collection « Meurtres à… » diffusé le 8 juin 2024 et réalisé par Octave Raspail, il interprète le personnage d’Alex Verran. Ces productions télévisuelles, bien qu’elles ne représentent pas le cœur de son travail artistique, lui assurent une visibilité régulière auprès du grand public et lui permettent de diversifier ses sources de revenus.


Un si grand soleil : le feuilleton quotidien


En 2025, Tristan Robin intègre le casting de « Un si grand soleil », feuilleton quotidien de France 3 créé en 2018 et diffusé à 20h40. Il y incarne Léo, le mari de Pauline (jouée par Chloé Guillot), couple de nouveaux arrivants à Montpellier qui tient une serre de fleurs à côté de la ferme de Ludo et Élodie. Léo travaille également comme magasinier chez L. Cosmétiques avec Enric et tente de développer un projet de partenariat avec Boris Laumière pour utiliser ses fleurs dans la fabrication de produits cosmétiques.
Le personnage de Léo traverse rapidement une zone de turbulences : Pauline entretient une relation secrète avec Élodie, créant des tensions au sein du couple. Lorsque Pauline est sauvagement agressée et tombe dans le coma, Léo est longtemps accusé d’être responsable de cette agression avant d’être finalement innocenté. Au moment du réveil de Pauline, l’avenir du personnage dans la série demeure incertain.
Lors d’une rencontre avec les fans au festival « Les Héros de la Télé » à Beausoleil en octobre 2025, Tristan Robin confie qu’il se sent très bien dans la série et qu’il aimerait que Léo y reste, tout en poursuivant parallèlement ses projets de théâtre, notamment la tournée de « Smile ». Cette participation à un feuilleton quotidien représente un engagement conséquent et une forme de travail très différente du théâtre ou du cinéma, avec des tournages intensifs et une production en flux tendu.


Au-delà de son métier d’acteur, Tristan Robin développe progressivement une activité de metteur en scène. Pour le Festival d’Avignon 2024, il met en scène Olivier Ruidavet, témoignant ainsi d’une volonté de s’investir également dans la direction d’acteurs et la conception scénographique. Cette évolution naturelle s’inscrit dans la continuité d’un parcours où il a pu observer et collaborer avec de nombreux metteurs en scène de renom, de Dominique Pitoiset à Mathilda May en passant par Nicolas Nebot.


La critique souligne régulièrement le sourire irrésistible de Tristan Robin, qui semble coller parfaitement au titre de la pièce « Smile ». Cette qualité, loin d’être anecdotique, traduit une personnalité généreuse et communicative, un rapport au public fondé sur la bienveillance et le partage. Lors de ses rencontres avec les spectateurs et les fans, notamment au festival « Les Héros de la Télé », il se montre disponible, chaleureux et enthousiaste, cultivant un lien direct et authentique avec ceux qui le suivent.
Son parcours atypique, marqué par l’échec initial à une grande école de théâtre et la parenthèse improbable du métier de maréchal-ferrant, lui confère une humilité et une humanité que les spectateurs perçoivent dans son jeu. Tristan Robin n’a rien du comédien arrogant ou distant : il reste accessible, curieux et ouvert aux différentes formes d’expression artistique, qu’il s’agisse de théâtre expérimental, de boulevard, de cinéma d’auteur ou de feuilleton télévisé.


La carrière de Tristan Robin se caractérise par une remarquable polyvalence, assumée comme un choix artistique délibéré plutôt que subie comme une contrainte professionnelle. Contrairement à certains comédiens qui se spécialisent dans un registre ou un médium, il cultive une approche éclectique qui lui permet de toucher des publics très différents et de nourrir son jeu de multiples influences. Du théâtre classique modernisé (« Cyrano de Bergerac ») au mime contemporain (« Le Banquet »), du cinéma d’auteur (« Diplomatie ») au blockbuster de science-fiction (« Valérian »), du feuilleton quotidien (« Un si grand soleil ») aux créations expérimentales (« Smile »), il explore tous les territoires du jeu dramatique.
Cette diversité présente des avantages évidents : elle assure une visibilité constante, une sécurité financière relative et une stimulation artistique permanente. Elle permet également d’éviter l’enfermement dans un type de rôle ou dans une image figée. Malgré le risque d’une moindre identification du public à un personnage emblématique ou à un registre de prédilection, Tristan Robin semble avoir fait le pari de la variété contre la spécialisation, estimant que la richesse de l’expérience prime, et de loin, sur la construction d’une image uniforme.


Une constante traverse néanmoins cette diversité : l’importance accordée au corps, au geste et à la présence physique. Que ce soit dans les pièces sans paroles de Mathilda May, dans l’hommage à Chaplin de « Smile » ou dans les codes du cinéma muet revisités au théâtre, Tristan Robin développe une expertise particulière dans l’art de communiquer sans mots, de raconter par le mouvement, de faire rire ou émouvoir par la seule expressivité corporelle. Cette compétence, acquise notamment lors de sa formation et approfondie au fil de ses collaborations, le distingue dans un paysage théâtral français où la tradition textuelle et la primauté du verbe demeurent souvent dominantes.
Son travail avec Claudio Macor sur « In the dead of night », ses expériences dans « Le Banquet » et « Smile », ainsi que sa participation à « Cabaret » aux Folies Bergère témoignent d’un intérêt constant pour les formes de théâtre physique, de mime, de danse-théâtre et de performance. Cette orientation esthétique, qui le rapproche de traditions théâtrales comme la commedia dell’arte, le théâtre de Jacques Tati ou le cinéma burlesque, lui permet de toucher un public international et de transcender les barrières linguistiques.


Tout au long de sa carrière, Tristan Robin a eu la chance de travailler avec des metteurs en scène et des réalisateurs de premier plan : Volker Schlöndorff, Dominique Pitoiset, Mathilda May, Nicolas Nebot, Christian Carion, Luc Besson. Ces collaborations lui ont permis d’enrichir sa palette technique, de comprendre différentes approches de la direction d’acteurs et de s’imprégner de visions artistiques variées. Chacune de ces rencontres a marqué une étape dans sa formation continue et dans l’affirmation de sa propre identité d’acteur.
La confiance que lui accorde Dominique Pitoiset en le choisissant pour « Cyrano de Bergerac » aux côtés de Philippe Torreton, la fidélité de Mathilda May qui l’intègre à « Le Banquet », la reconnaissance de Nicolas Nebot qui lui confie le rôle du barman dans « Smile » : autant de signes d’une réputation solidement établie dans le milieu théâtral et d’une capacité à répondre aux exigences de metteurs en scène réputés.


Comme beaucoup de comédiens français de sa génération, Tristan Robin cherche un équilibre entre le théâtre, qui reste le cœur de sa pratique artistique, et l’audiovisuel (cinéma et télévision), qui offre une visibilité plus large et des revenus souvent plus substantiels. Son engagement dans « Un si grand soleil » en 2025 représente une forme d’aboutissement de cette stratégie : le feuilleton quotidien lui assure une présence régulière à l’écran et un contact avec un public familial nombreux, tout en lui laissant la possibilité de continuer à jouer au théâtre pendant les périodes de pause du tournage.
Cette double vie professionnelle exige une grande disponibilité, une capacité d’adaptation constante et une résistance physique importante. Le rythme intensif d’un feuilleton quotidien, qui produit parfois plus de deux cents épisodes par an, s’oppose radicalement au temps long de la création théâtrale et aux répétitions approfondies d’un spectacle. Tristan Robin semble avoir trouvé un mode d’organisation qui lui permet de concilier ces deux temporalités et de nourrir chacune de ses activités par l’expérience acquise dans l’autre.


À trente-neuf ans, Tristan Robin se trouve dans une phase de pleine maturité artistique. Son parcours l’a progressivement conduit vers davantage de responsabilités, comme en témoigne son incursion dans la mise en scène. Il n’est pas exclu qu’il développe cette activité dans les années à venir, transmettant à son tour l’expérience accumulée auprès de ses maîtres et proposant sa propre vision scénographique.
Les succès répétés de « Smile », qui entame sa troisième saison au Théâtre de l’Œuvre et se produit au Festival d’Avignon, suggèrent que cette création pourrait continuer à tourner pendant plusieurs années, constituant un pilier de son activité théâtrale. Parallèlement, son engagement dans « Un si grand soleil » pourrait se prolonger si le personnage de Léo est maintenu dans la série, offrant ainsi une visibilité télévisuelle durable.
On peut également imaginer que Tristan Robin continuera à explorer des territoires artistiques variés, acceptant des rôles dans des productions cinématographiques d’auteur, participant à de nouvelles créations théâtrales contemporaines ou poursuivant son travail sur les formes de spectacle sans paroles, registre dans lequel il excelle particulièrement.


Tristan Robin incarne une figure caractéristique du comédien français contemporain : polyvalent, curieux, capable de naviguer entre les différents médiums et registres avec une aisance qui témoigne d’une solide formation et d’une authentique passion pour son métier. Son parcours, marqué par une détermination précoce malgré les obstacles initiaux, illustre la nécessité de la persévérance dans un métier où la précarité et l’incertitude demeurent la norme pour la grande majorité des artistes.
De son rôle aux côtés de Philippe Torreton dans un « Cyrano de Bergerac » moderniste à ses performances sans paroles dans « Le Banquet » et « Smile », de ses apparitions dans les films de Volker Schlöndorff à son engagement dans le feuilleton « Un si grand soleil », Tristan Robin construit méthodiquement une carrière équilibrée entre exigence artistique et nécessité économique, entre création théâtrale pointue et divertissement télévisuel populaire.
Son sourire communicatif, souvent relevé par les critiques et les spectateurs, n’est pas qu’un atout physique : il traduit une générosité fondamentale, un rapport au public et à l’art fondé sur le partage et la bienveillance. Cette qualité humaine, alliée à une technique solide et à une sensibilité aiguë aux différentes formes d’expression scénique, fait de Tristan Robin un artiste complet, en phase avec son époque et promis à une carrière durable dans le paysage théâtral et audiovisuel français.

Philippe Escalier – Photos @Francesca Marino et Philippe Escalier

Chronologie
1986 : Naissance le 17 septembre à Nantes
2004 : Formation au Studio Théâtre de Nantes (Jacques Guillou)
2007-2010 : École supérieure de théâtre de Bordeaux en Aquitaine
2010 : Rôle-titre dans « Roméo et Juliette » (Georges Richardeau, Théâtre Universitaire de Nantes)
2010 : Participation à « Cabaret » aux Folies Bergère (barman du Kit Kat Club)
2010 : « Merlin ou la Terre dévastée » (Dominique Pitoiset, TNBA/Théâtre de l’Aquarium)
2010 : Cinéma – « Ici-bas » (Jean-Pierre Denis)
2013 : Cinéma – « Diplomatie » (Volker Schlöndorff)
2014 : Cinéma – « En mai, fais ce qu’il te plaît » (Christian Carion)
2016 : « Cyrano de Bergerac » (Dominique Pitoiset, Théâtre de la Porte Saint-Martin) avec Philippe Torreton – février à mai
2017 : Cinéma – « Valérian et la Cité des mille planètes » (Luc Besson)
2017 : Télévision – « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie » et « Mongeville »
2018-2020 : « Le Banquet » (Mathilda May, Théâtre du Rond-Point puis Théâtre de Paris) – octobre 2018 à mars 2020
2019 : « Deux mensonges et une vérité » (Théâtre Montparnasse)
2019 : Molières – « Le Banquet » obtient le Molière de la mise en scène (Mathilda May) et de la révélation féminine (Ariane Mourier)
2020 : Télévision – « La Guerre des Trônes » (rôle de Louis XIV)
2021 : Cinéma – « Flashback » (Caroline Vigneaux)
2021 : Télévision – « Agent Hamilton » et « On n’efface pas les souvenirs »
2022 : Télévision – « Tandem »
2023 : Cinéma – « Sexygénaires » (Robin Sykes)
2023 : Télévision – « Cannes Police Criminelle » (rôle de Léo Duval) et « Scènes de ménages »
2023-2025 : « Smile » (Nicolas Nebot, Théâtre de l’Œuvre) – création à la Nouvelle Ève en 2022, trois saisons au Théâtre de l’Œuvre
2024 : Télévision – « Mademoiselle Holmes » (rôle de Nicolas Belliard) et « Meurtres à Arles » (rôle d’Alex Verran)
2024 : Mise en scène d’Olivier Ruidavet au Festival d’Avignon
2025 : Télévision – « Un si grand soleil » (rôle de Léo)
2025 : « Smile » au Festival d’Avignon (Théâtre Actuel)


Cinéma
2010 : « Ici-bas » de Jean-Pierre Denis
2013 : « Diplomatie » de Volker Schlöndorff
2014 : « En mai, fais ce qu’il te plaît » de Christian Carion
2017 : « Valérian et la Cité des mille planètes » de Luc Besson
2021 : « Flashback » de Caroline Vigneaux
2023 : « Sexygénaires » de Robin Sykes


Télévision (sélection)
2017 : « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie » – épisode « Drame en 3 actes » (Nicolas Picard-Dreyfuss)
2017 : « Mongeville » – épisode « Parfum d’amour » (Marwen Abdallah)
2020 : « La Guerre des Trônes » (Vanessa Pontet, Alain Brunard et Bruno Solo) – rôle de Louis XIV
2021 : « Agent Hamilton » (Erik Leijonborg)
2021 : « On n’efface pas les souvenirs » (Adeline Darraux)
2022 : « Tandem » – saison 7, épisode « Verdict » (Jason Joffre)
2023 : « Cannes Police Criminelle » / « Cannes Confidential » (Camille Delamarre) – rôle de Léo Duval (guest)
2023 : « Scènes de ménages » (M6)
2024 : « Mademoiselle Holmes » (TF1, Frédéric Berthe) – saison 1, épisode 3 « Sortie de route », rôle de Nicolas Belliard
2024 : « Meurtres à Arles » (France 3, Octave Raspail) – rôle d’Alex Verran
2025 : « Un si grand soleil » (France 3) – rôle de Léo

Théâtre sélectif
2006 : « L’Éternel Mari » (Henri Mariel, Théâtre de la Gare)
2010 : « Roméo et Juliette » (Georges Richardeau, Théâtre Universitaire de Nantes) – rôle-titre
2010 : « Cabaret » (Folies Bergère) – barman du Kit Kat Club
2010 : « Merlin ou la Terre dévastée » (Dominique Pitoiset, TNBA/Théâtre de l’Aquarium)
2012-2015 : « In the dead of night » (Claudio Macor)
2016 : « Cyrano de Bergerac » (Dominique Pitoiset, Théâtre de la Porte Saint-Martin) avec Philippe Torreton
2018-2020 : « Le Banquet » (Mathilda May, Théâtre du Rond-Point puis Théâtre de Paris)
2019 : « Deux mensonges et une vérité » (Théâtre Montparnasse)
2023-2025 : « Smile » (Nicolas Nebot, Nouvelle Ève puis Théâtre de l’Œuvre) – rôle du barman

Distinctions et nominations
2019 : Molière de la mise en scène pour Mathilda May (« Le Banquet »)
2019 : Molière de la révélation féminine pour Ariane Mourier (« Le Banquet »)
2023 : Nomination aux Molières pour « Smile » (création visuelle et sonore)

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Journaliste et photographe dans le domaine du spectacle vivant.
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