Simon Gabillet

Lyonnais d’origine, Simon Gabillet a commencé à travailler dans sa ville natale avant de profiter de sa participation en 2023 à la pièce « Les Liaisons dangereuses » mise en scène par Arnaud Denis pour rejoindre la capitale et y développer ses activités artistiques. Les deux pièces de Pagnol « Naïs » et « Le Schpountz » qui complètent son actualité nous ont amené à nous intéresser à un jeune comédien doué, bien décidé à étoffer un parcours déjà conséquent.

L’on pourrait dire de Simon Gabillet qu’il crève l’écran s’il ne se consacrait pas, pour l’instant, à la scène. Ce qui frappe lorsqu’on le découvre c’est, au premier abord, sa présence, qui fait qu’on ne le quitte pas des yeux, son jeu, tout en finesse et sa façon de bouger et d’occuper l’espace. De toute évidence, le comédien est à l’aise avec son corps et cela se voit. Cette facilité lui vient en partie d’une fascination pour la danse et des quinze années très intenses de volley-ball qu’il a commencé très jeune et pratiqué à haut niveau. Seule une forme de lassitude face à un milieu où il ne se sentait pas totalement épanoui le pousse à changer de cap et à suivre des cours de théâtre. Il garde de sa première expérience le goût de l’effort, du travail et du collectif et ce compétiteur né retrouve sur les planches ce qui caractérisait ses matches, à savoir la victoire point par point. Comme il le dit : « une représentation de théâtre ressemble à une rencontre sportive, il faut avancer en rythme, étape par étape pour aller vers la victoire, en l’occurrence, les applaudissements de la salle ». 

Après une formation en trois temps, aux USA, à Lyon puis à Paris, il travaille avec la compagnie Le Raid avec laquelle il joue plusieurs personnages dans « Le Malade imaginaire », sa toute première pièce qui a beaucoup tourné, notamment au festival d’Avignon, « Orphelins » de Dennis Kelly, l’un de ses auteurs préférés et « Prophètes sans Dieu » de Slimane Benaïssa. Viennent ensuite au Théâtre de la Tête d’or « La Femme du boulanger » de Pagnol, « Vive le marié » de Jean-Marie Chevret et « Les liaisons dangereuses » qui lui permettent de rencontrer Thierry Harcourt venu assister à une représentation en région parisienne lors de la tournée. Le metteur en scène lui propose alors de participer à « Naïs » et il rejoindra également par la suite l’équipe du « Schpountz » mis en scène par Delphine Depardieu et Arthur Cachia, deux pièces de Pagnol qui vont occuper une partie de son année 2024.

Ce grand sportif, attiré par la dimension corporelle du jeu, s’intéresse de près à la danse. « J’aime tout faire mais les personnages nécessitant un engagement corporel, quasi chorégraphique, me passionnent ». Quand il le peut, ses moments de formation sont tournés vers la danse contemporaine, très utiles pour la scène mais aussi pour canaliser et extérioriser une grande énergie physique. De surcroit, la profession de sa compagne Maeva Lassere, danseuse venue travailler en free-lance à Paris, ne peut pas être totalement étrangère à cet intérêt. Du reste, il crée avec elle, pour la première fois, une mise en scène intitulée « Mamalia » pour le festival « Danse à Milly » qui se déroulera dans la maison d’enfance de Lamartine près de Mâcon et où, le 5 juillet 2024, ils donneront ensemble un spectacle où elle dansera accompagnée d’un texte qu’il interprétera.

Comme beaucoup de comédiens, Simon Gabillet a monté sa compagnie. « I AM NOT » vise notamment à travailler sur le lien entre la parole et le mouvement avec des comédiens et des danseurs en quête d’un univers mélangeant la danse et les mots. Parmi les projets en gestation, l’un concerne le parcours de danseuse de son amie Maeva Lassere, depuis l’âge de 5 ans où elle découvre sa discipline jusqu’à aujourd’hui, l’autre, un seul en scène dans lequel il jouera avec l’imaginaire car selon lui « il n’y a pas meilleur espace que la scène pour se ré-inventer à l’infini » et dans lequel il donnera libre cours à son goût des mots, de la parodie et de l’humour dans un théâtre fondamentalement physique. Il y exprimera sa fascination pour les danseurs et son plaisir à donner l’illusion qu’il en est un ! Il ne fait pas de doute que le public se laissera embarquer par ses talents de conteur, avec le plaisir incomparable que l’on a de suivre un excellent comédien. Pour l’heure, nous allons pouvoir découvrir ce lyonnais au Lucernaire à Paris dans « Naïs » le texte de Marcel Pagnol, le plus marseillais des auteurs français, à partir du 8 mai 2024 au Lucernaire, avant de le voir, en octobre 2024, à l’affiche en alternance dans la reprise de « Pauvre Bitos, le dîner de têtes » magistrale pièce de Jean Anouilh au Théâtre Hébertot, mis en scène par Thierry Harcourt.

Philippe Escalier – Photos © Bruno Perroud

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About Sensitif

Journaliste et photographe dans le domaine du spectacle vivant.
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