Avec son dernier spectacle musical jeune public consacré à l’un des plus célèbres contes des Frères Grimm, Olivier Solivérès démontre une nouvelle fois, au Théâtre de la Gaité Montparnasse, sa capacité à écrire et mettre en scène un spectacle réussi, à destination des grands comme des plus petits.

Faire un spectacle très visuel, avec les moyens que nous donne la technologie aujourd’hui, mais sans en abuser, avec une écriture tonique, pleine d’humour, truffée de références (notamment à la chanson) et d’anachronismes hilarants, le tout porté par une excellente troupe, telle est la recette qui a permis à Olivier Solivérès d’être plébiscité par le public et par deux fois nommé aux Molières pour « Le Bossu de Notre-Dame » et « Blanche-Neige ». D’entrée, le ton est donné et avant l’ouverture du rideau, les enfants sont appelés à réagir (ils le feront d’ailleurs abondamment, tout au cours du spectacle) face à une reine qui n’est pas encore apparu mais qui manifeste déjà son cruel despotisme. La résistance s’organise dans la salle qui prend naturellement le parti de la malheureuse princesse et de son vaillant Prince Charmant en leur apportant un constant soutien très sonore.

Le jeu remarquable des comédiens est indispensable pour capter l’attention des enfants et s’assurer de leur participation. Le résultat dépasse les attentes. Marion Belham une magnifique et exubérante reine. Il est bien difficile de résister à ses effets comiques qu’elle partage avec son valet Victor, l’irrésistible et bouillonnant Thomas Langlet. Clara Hesse qui fait d’excellents début dans le rôle-titre, est parfaite en princesse martyrisée avant de s’épanouir en compagnie des sept mineurs lui offrant l’hospitalité. Le sort tragique que la jalouse et narcissique reine lui réservait sera heureusement contrarié par l’amour du jeune prince auquel Hadrian Levêque Di Savona apporte toutes ses qualités de chanteur et d’acteur, à quoi il faut ajouter une belle prestance (son duo de début avec la reine qui voudrait bien en faire son quatre heure est assez piquant). Cette belle distribution ne serait pas complète sans la présence de Alice Fleurey et Léa Grignon très efficaces sous les costumes et masques de nains.

Ce jeu irréprochable vient porter haut de savoureux dialogues à l’humour très efficace à destination des adultes qui ne sont pas les derniers à s’amuser et à rire. « Blanche-Neige et les Sept Nains » est une joyeuse invitation à découvrir le spectacle vivant et à rester de grands enfants dans un monde où tout fini bien. Un tel plaisir ne se refuse pas !
Texte et photos Philippe Escalier