Léonard de Vinci la série de Frank Spotnitz

En train de finir de visionner la série « Léonard de Vinci » que diffuse France 2 et que l’on ne pouvait pas rater, comment ne pas laisser échapper, comme dans Tintin, « Caramba encore raté ! » ?

L’on est absolument surpris par deux choses essentielles : Pourquoi être allé inventer une histoire de meurtre et de prison quand la vie de Léonard est à elle seule un incroyable roman d’une richesse inégalable ? L’on y voit qu’une seule utilité, un peu tordue : faire entrer de force (avec Caterina jouée par la belle Matilda de Angelis) une bonne dose d’hétérosexualité platonique dans la vie du Maître (c’est un peu l’équivalent de souscrire une assurance visant à rendre le produit « non sulfureux ») ! Et puis surtout, comment ne pas être surpris par le hors sujet absolu qui vaudrait à un élève en Histoire un zéro pointé, frappant tous les épisodes de cette courte série bâtie sur le thème de Léonard poursuivi par le sort. Or la vie de Léonard, si l’on excepte son enfance, (il fut un bâtard élevé surtout par son grand père), fut une fête* lui qui était un personnage lumineux (plus Mozart que Wagner pour les mélomanes) un grand profiteur de la vie (vrai fashion victim, consciente de sa beauté dans ses jeunes années), connu pour avoir toujours eu du mal à finir ce qu’il commençait, tout simplement parce que ce génie s’intéressait à tout et surtout à ce qui allait venir. Bref, ce thème du sort, du « Curse » comme on dit en anglais est un absolu contre-sens qui permet de faire le parallèle avec le second génie de cette période, ayant la même sexualité que Léonard, à savoir Michel-Ange (aussi introverti que Léonard fut extraverti) qui fut bien celui qui se tua au travail, qui fut malheureux en amour (il ne tomba qu’à la fin de sa vie follement amoureux d’un jeune chevalier qui le vénérait mais ne pouvait partager ses sentiments), ce fut donc Michel-Ange qui eut une vie sombre et non Léonard, lui qui fut partout célèbré et qui finit sa vie en apothéose, choyé et quasiment pouponné par le Roi de France.

L’excellente distribution est par contre parfaitement logique avec ce surprenant parti pris puisque le sublime acteur irlandais Aidan Turner que l’on a pu voir dans la série « Poldark » et le « Hobbit » séduit avec cette mâle beauté très sombre qui le caractérise, heureusement contrebalancée et éclairée par le jeune acteur espagnol Carlos Cuevas (lui absolument solaire) qui incarne Salaï, le célèbre petit vaurien dont Léonard fut très épris (si vous creusez, vous verrez qu’il fut très important dans ses peintures) et qui l’accompagna jusqu’à la fin de ses jours.

En résumé : si la série se regarde facilement, il est conseillé de lire une biographie en guise d’antidote !

*Personne n’oublie que la vie ne devait pas être un long fleuve tranquille notamment pour les artistes tributaires de commandes et de mécènes dans l’Italie toujours en guerre de la Renaissance, marquée par ses grands fauves, les Sforza, les Borgia et autres papes.

Philippe Escalier

A propos Sensitif

Journaliste, photographe, éditeur du magazine Sensitif : www.sensitif.fr
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