65 Miles

Dans sa description de destins cabossés, Matt Hartley nous livre une vision réaliste, dure mais humaniste de l’intimité familiale, magnifiée par la mise en scène de Pamela Ravassard et portée par sept comédiens remarquables.

La famille, c’est bien compliqué ! Sur cette évidence, aggravée par des conditions sociales d’une grande précarité, Matt Hartley construit l’histoire des retrouvailles de deux frères après la sortie de prison de l’ainé, coupable de meurtre. Le cadet a poussé sa fiancée à avorter, son frère, perdu dans un univers qu’il ne reconnait plus, va chercher à retrouver une enfant qu’il n’a jamais vue. Pour ces deux hommes abandonnés par leurs parents, construire un semblant de foyer semble relever de la science fiction. Sans mièvrerie, sans pathos et surtout avec une appréciable dose d’humour, Matt Hartley (la quarantaine, une vingtaine de pièce à son actif) nous démontre l’art du théâtre (et du cinéma !) anglo-saxon à aborder les problèmes humains ou sociaux avec une touchante justesse. Rien n’est excessif et surtout rien n’est totalement sombre. Car « 65 Miles » est aussi une pièce sur la résilience et les tentatives de s’en sortir, malgré tout. C’est dire à quel point l’histoire qui nous est racontée est riche, belle et émouvante. Cette force, cette subtilité, cet espoir, on les retrouve dans la mise en scène de Pamela Ravassard qui dans des tableaux d’une prodigieuse subtilité et d’une grande beauté, nous donne à apprécier la pièce sous toutes ses facettes. Avec un accompagnement musical, une scénographie de Benjamin Porée et des lumières de Cyril Manetta, elle sublime le texte et les comédiens. Benjamin Penamaria, tout en intensité et en retenu, joue l’ainé désireux de maitriser sa violence, Garlan Le Martelot incarne avec justesse ce cadet qui peine à assumer face à Emilie Piponnier d’une émouvante fraicheur. Stefan Godin dans son rôle de stabilisateur, père par substitution est tout aussi méritant, à l’image de Karina Beuthe-Orr, Emilie Aubertot et Sébastien Desjours. Tous sont magnifiques et donnent au texte sa pleine et entière mesure.
Entre l’inné et l’acquis, les drames familiaux et sociaux, « 65 Miles » est un spectacle humain, profondément humain mis en scène et joué d’une exceptionnelle façon ! Pour toutes ses raisons et pleins d’autres encore, « 65 Miles » vaut vraiment le détour !

Philippe Escalier – photos : © Benjamin Porée, OFGDA et Godeau 

Théâtre du Girasole : 24 bis, rue Guillaume Puy 84000 Avignon – 04 90 82 74 42
Tous les jours sauf le lundi à 15 h 30

A propos Sensitif

Journaliste, photographe, éditeur du magazine Sensitif : www.sensitif.fr
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