Andromaque

DSC_4931Andromaque est la première des pièces majeures de Racine (si tant est qu’il y en ait des mineures !) créée en 1667. L’immense tragédie a souvent été résumée par cette chaîne amoureuse contrariée : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort ! Comme toujours chez Racine, l’amour gouverne les êtres, voire, ici, les rend fous, tant les passions sont exacerbées. Oreste fini par perdre la raison. Hermione, pour sa part, ne l’a plus depuis qu’elle se désespère à voir Pyrrhus nager dans l’irrationnel, trahir les siens et mettre son trône en danger pour mener Andromaque à l’autel. Cette dernière, plus obsédée par la fidélité à son défunt mari que par sa vie ou celle d’Astynax, son fils, a besoin de toute la pièce pour se résoudre à cette union, et encore, avait-elle prévu de s’immoler, aussitôt l’hymen prononcé, pour rejoindre Hector dans la mort. Sur ce concentré de malheurs antiques dont le Grand Siècle fut si friand, s’est construite l’une des plus belles tragédies du répertoire français.

Dans le studio rénové et flambant neuf du Studio Marigny, Michaël Denard a présenté sa première mise en scène. L’on reconnaitra la patte de l’ancien danseur étoile de l’American Ballet dans la beauté de la gestuelle, la sobriété des costumes (tous identiques) et les mouvements amples, souvent circulaires, qu’il propose à ses acteurs avec un final qui soude la troupe en un anneau resserré pouvant faire penser au chœur dans la tragédie grecque. La proposition est donc résolument moderne, allégée, ponctuée de quelques petites audaces ne remettant pas en cause la beauté majestueuse des alexandrins. Les comédiens entrent et sortent de scène le plus souvent en courant à la façon des danseurs. C’est donc bien et cela n’étonnera personne à une mise en scène (très) partiellement chorégraphiée que Michaël Denard nous convie. Aucun artifice, aucun décor, le texte et l’acteur seulement. Et un besoin de rendre ce drame le plus humain possible. Défendre cette vision en s’entourant d’une très jeune troupe, venue des Cours Acquaviva, à l’exception d’une élève des Cours Simon, était tout sauf illogique. Le pari était, l’on s’en doute, risqué, au final, il est gagné ! Les puristes trouveront toujours des petits défaut, la première, du reste, n’en était pas exempte. Ce serait oublier à quel point la déclamation est un art difficile. Et, pour notre part, nous préférons voir l’énergie, la conviction et le talent qui se déploient sur scène au service de ce texte intemporel qu’il est fort plaisant de redécouvrir sous cet angle nouveau et dans une distribution aussi homogène que prometteuse. Les amoureux du théâtre classique auront donc tout pour être heureux !

Philippe Escalier

Studio Marigny : Espace Marigny 75008 Paris
01 76 49 47 12 – billetterie@theatremarigny.fr
http://www.theatremarigny.fr

Distribution :

Distribution mercredi 26 et vendredi 28 juin 2019
Alexandre Leprince-Ringuet : Oreste
Gary Nadeau : Pylade
Henri Saint-Macary : Pyrrhus
Ghislain Carré : Phoenix
Marion Le Moign : Andromaque
Nathalie Guedon : Cephise
Astrid Berthon : Hermione
Camille Deberre : Cléone.
 
Distribution jeudi 27 et samedi 29 juin 2019
Alexandre Leprince-Ringuet : Oreste
Gary Nadeau : Pylade
Romain Duquaire : Pyrrhus
Ghislain Carré : Phoenix
Marie Jocteur : Andromaque
Nathalie Guedon : Cephise
Alexia Oddo : Hermione
Camille Deberre : Cléone

 

A propos Sensitif

Journaliste, photographe, éditeur du magazine Sensitif : www.sensitif.fr
Cet article, publié dans Théâtre, est tagué , , , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s