L-E-V Dance Company présente à Chaillot jusqu’au 13 juin, OCD Love, la nouvelle création de la chorégraphe israélienne, Sharon Eyal, provoquant ainsi la rencontre avec ce que la danse contemporaine offre de plus troublant et de plus innovant.
Elle a collaboré avec de nombreuses compagnies (Batsheva Dance Company, Carte Blanche Dance de Norvège ou la ), avant de fonder la sienne en 2013, en collaboration avec son compagnon, le musicien Gai Behar, à propos duquel elle dit : « Mes créations les plus importantes sont celles qui ont été faites après ma rencontre avec Gai. Celles d’avant ne comptent pas ». Profondément connectée au monde qui l’entoure et s’intéressant aux troubles qu’il génère, Sharon Eyal est attachée au signifiant. Son œuvre est là pour ressentir, témoigner et transcrire.
OCD Love est inspiré par un poème du slamer américain Neil Hilborn qui en 2013 accapare l’intérêt de la planète, par le biais d’Internet, avec un texte puissant traitant des troubles du comportements, en l’occurrence les fameux Troubles Obsessionnels Compulsifs dont il est lui-même atteint et qui vont bouleverser une rencontre amoureuse essentielle : « La première fois que je l’ai vue…Tout s’est calmé dans ma tête.. ». Ainsi débute le récit d’un dysfonctionnement radical qui ne pouvait que parler au talent créatif de Sharon Eyal. Elle reconnait avoir été accaparée, hypnotisée par cette lecture. « Je ne pouvais m’arrêter de lire assure-elle, je voyais déjà ce texte comme une chorégraphie ou un moule dans lequel on pourrait verser son inspiration et une part de soi ». De fait, c’est une danseuse (Mariko Kakizaki )qui est au centre d’OCD Love dont elle assure les longues premières minutes introductives. Très lentement, presque au ralenti, elle entre sur scène, avec des mouvements cassés, saccadés, erratiques, on l’imagine prisonnière d’un démon intérieur ne lui laissant aucun répit et dont elle ne peut s’affranchir. Tout dans ses gestes exprime le mal-être. À l’écoute des tics-tacs binaires, envoutants et stridents d’une horloge bruyante, l’on voit se démener cet humain aussi inadapté à son monde que l’albatros de Baudelaire peut l’être au sien. Arrivent ensuite les cinq autres danseurs sur la musique du DJ Ori Lichtik, répétitive comme l’est par excellence la musique techno, à l’image des troubles, placés au cœur du sujet de cette chorégraphie.
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