Le Jardin d’Alphonse

En nous offrant un huis-clos familial à la fois drôle, tendre et tourmenté, Didier Caron signe une pièce pleine de vitalité et de subtilité. Portée par une troupe exceptionnelle de neuf comédiens, ce « Jardin d’Alphonse » est un magnifique moment de théâtre.

« Il faut cultiver notre jardin » a fait dire Voltaire à Candide. Didier Caron a eu bien raison de cultiver le sien. Rarement spectateur se sera senti si à l’aise, si heureux de se laisser conter une histoire. Nous sommes après un décès. Une famille se retrouve, avec les très proches, rassemblée pour un ultime adieu à son patriarche. Mais comme dans beaucoup de famille, c’est aussi l’instant où remontent les jalousies, ou se font les bilans et où parfois, émergent des secrets de famille. Didier Caron, a qui l’on doit notamment « Un Vrai bonheur » a montré tout l’art qui était le sien de raconter et décrire les sentiments, les situations les plus personnelles, sans jamais tomber dans la caricature. Autour d’évènements et de personnages ayant quelque chose d’intime et d’un peu universel à la fois, ces instantanées sont précis, cruels par moments, mais toujours emplis de tendresse et d’une grande drôlerie. S’il porte la plume là où ça fait mal, il sait aussi déclencher l’hilarité et désamorcer les situations trop tendues. Résultat, le public est aux anges et ne cache pas sa joie. D’autant que l’on serait bien en peine de faire la moindre critique à une troupe au diapason, dirigée par l’auteur et Véronique Viel. Chacun sur scène a un rôle original, plein et entier à défendre et chacun le fait magistralement. Karina Marimon nous offre un grand numéro d’actrice en épouse juive d’une drôlerie irrésistible et touchante. Julia Dorval, toute en subtilité, en belle blonde croqueuse d’hommes, fait apparaitre des défauts qui cachent mal ses blessures. Jérémy Malaveau et Romain Fleury incarnent, dans des registres différents, mais avec une égale réussite, les deux frères que la vie tente d’opposer. Sandrine Le Berre, avec sa sensibilité, apporte sa voix et sa dégaine fragiles à la fille de la maison qui vit avec sa copine, une originale incarnée avec brio par Gaëlle Lebert. Bernard Fructus dans le rôle du mari cardiologue, tout en finesse, nous donne une leçon d’interprétation. Michel Feder avec beaucoup de vérité, incarne, lui, un père et un mari, sinon comblé, du moins présent et aimaint, face à Christiane Ludo, toujours juste en épouse discrète. Le Jardin d’Alphonse » est une pièce chorale parfaitement accomplie. Retenue, à juste titre, pour les Molières, elle mérite amplement votre visite.

Philippe Escalier

Photos © Franck Harscouet – Saluts : © Philippe Escalier

Théâtre Michel : 38, rue des Mathurins 75008 Paris
Les jours et les horaires sur le site : http://www.theatre-michel.fr
01 42 65 35 02

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A propos Sensitif

Journaliste, photographe, éditeur du magazine Sensitif : www.sensitif.fr
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