Dans Panique au
ministère, Amanda Lear fait ses premiers pas sur la scène du Théâtre de la
Porte Saint-Martin. La comédienne nous fait partager les joies qu’elle éprouve
dans cette nouvelle aventure.
Il s’agit de votre
toute première pièce ?
On peut le dire, les premières expériences étaient à
l’étranger et c’est tellement loin qu’il y a prescription. Pour une débutante
comme moi, me trouver dans le plus grand théâtre de Paris et dans ces
conditions, quel cadeau !
Comment est-il
arrivé ?
Tout à fait par hasard. Jean-Claude Camus m’a appelée pour
les lectures de la pièce, m’offrant l’occasion de rencontrer les auteurs, Jean
Franco et Guillaume Mélanie, et les acteurs. Ils étaient morts de rire et ont
dit « ce sera elle ! ».
Auparavant, j’avais refusé plusieurs propositions (une pièce avec Bernard
Tapie, une autre avec Jérôme Savary) pour pouvoir continuer à faire mon
émission télé en Italie. Là, j’ai eu un coup de cœur (je fonctionne comme ça)
et j’ai signé tout de suite. J’ai appris mon texte pendant les vacances de Noël
pour être une bonne élève et ne décevoir personne. Voilà comment a démarré ce
vrai conte de fées !
Vous pouvez encore supporter
le monde de la télévision ?
Je n’y arrive pas, ou plutôt je n’y arrive plus. C’est
vraiment minable ! Le petit écran a atteint un niveau tellement élevé de
vulgarité en Italie (en France aussi d’ailleurs, mais là-bas, c’est pire) avec
le règne du bling-bling et des paillettes, des bimbos à gros nichons et de la
téléréalité. J’ai dit à mon agent italien que je ne pouvais pas continuer. J’ai
abandonné ce boulot très bien payé pour venir au théâtre et trouver un public
chaleureux. Je n’y retournerai pas sauf si on me propose un téléfilm ou une
fiction qui m’intéresseront vraiment.
La scène n’est pas
une nouveauté pour vous !
Non, cela fait trente ans que j’y suis avec ma musique. Je
vis sur scène. Mais une pièce c’est autre chose, c’est un travail d’équipe. Je
me suis demandé comment j’allais être accueillie ! En fait, j’ai été très
surprise par l’affection de tout le monde. Dans l’univers de la musique on est
plus individualiste, parfois plus envieux.
Votre personnage de
femme mûre très libérée, c’est un peu vous ?
Non, dans la vie je suis presque le contraire, je ne fume
pas, je ne bois pas. Sur scène je suis heureuse et libre avec ce personnage nostalgique
de 1968 voulant s’éclater et continuer à séduire.
Il y a tout de même
un point commun entre le personnage et vous, c’est votre goût affiché pour les
jeunes gens !
Oui, mais je ne suis pas la seule, on est des millions dans
ce cas, de Demi Moore à Claire Chazal en passant par Madonna. On a admis cette
nouvelle façon de voir les choses. Les femmes peuvent faire (enfin !)
comme les hommes : personne n’a jamais rien trouvé à redire à Johnny Halliday
lorsqu’il sortait avec des midinettes. Les mœurs ont changé,
heureusement !
Vous vous définissez
comme une amoureuse. Aujourd’hui, vous avez un boyfriend ?
En ce moment, je suis mariée, mais au théâtre ! J’y ai
mis toute mon énergie. Je n’ai ni le temps ni d’ailleurs l’envie de penser à
autre chose. J’arrive trois heures avant le spectacle, je vis dans ma loge. On
parle de partir pour au moins deux ans, on va embrayer sur une tournée, puis il
y aura un film, je suis embarquée pour un moment, ce qui élimine d’office tout
voyage en Italie, tout jeunes gens. Bon, ce n’est pas définitif, mais pour le
moment c’est ainsi !
Partie pour deux ans
dites-vous, cela perturbe un peu vos autres projets ?
Oui, j’ai dû renoncer à certaines choses comme une comédie
américaine où je devais incarner une mère juive découvrant que son fils est
gay. Mais tout ne s’arrête pas, je sors un double album fin avril avec des
reprises qui sont assez inattendues. J’ai aussi une exposition de peintures à
Bruges qui démarre le 6 avril au musée Salvador Dalí pour un mois et demi.
Donc Amanda Lear ne
connaît pas la crise ?
Non, j’ai du travail, c’est très bien et d’ailleurs j’espère
que nous sommes dans une crise salutaire pouvant faire revenir les gens vers
des valeurs plus solides, qu’on arrête enfin de dépenser à tout va en foutant
la planète en l’air. Vous savez, c’est un peu comme en amour, la crise peut
être salutaire !
Si j’en crois votre
enthousiasme, on devrait vous revoir au théâtre ?
Avec Panique au
ministère, on est parti pour un moment. Mais trois autres propositions
m’attendent, dont une comédie et un drame. Je souhaite aborder d’autres
répertoires, pourtant il est bien que pour une première pièce, j’interprète un
personnage qui ressemble à l’image que l’on a de moi, mangeuse d’hommes et grande
gueule. Personne n’est déstabilisé, ce n’est pas comme si je leur avais fait
d’entrée Macbeth ou Hamlet…
… ou Le Roi Lear !
Exactement (rires) !
Théâtre de la Porte Saint-Martin : 18, boulevard
Saint-Martin 75010 Paris
Du mercredi au vendredi à 20 h ; samedi à 20 h 30 et
dimanche 15 h
Par Philippe Escalier pour : http://www.sensitif.fr