

Il est impossible de résumer l’intrigue de L’Inspecteur Whaff pour une simple
raison : il n’y a pas d’intrigue dans la pièce déjantée de Tom Stoppard où
plus on avance et plus on s’enfonce dans le brouillard (anglais !). Le
délice de la pièce réside dans le plaisir de n’avoir rien à comprendre et de
déguster une mise en scène de folie signée Jean-Luc Revol, servie par une
superbe troupe.
Imaginez les Monthy Python menant une enquête dans le style Le cœur a ses raisons pour « Au
théâtre ce soir » et vous aurez une toute petite idée de ce qui se trame
sur la scène du Tristan Bernard où deux critiques de théâtre commentent une
pièce policière jouée par des acteurs ringards. Les deux critiques ne se
préoccupent que de leur ego jusqu’au moment où ce qui se déroule sous leurs
yeux les rattrape. Mais qu’importe ! L’essentiel est dans la mise en scène
de Jean-Luc Revol qui réussit le prodige de faire de L’Inspecteur Whaff un petit chef-d’œuvre, décalé, décapant et
surtout irrésistiblement drôle. L’on reste sidéré par l’exploit consistant à
rendre palpitante une pièce prétexte, écrite pour le seul plaisir de faire du
théâtre et de se moquer avec force de ceux qui en vivent. Il fallait une
distribution de choc et elle est là. Le vrai comique ne fonctionne qu’avec des
acteurs capables de faire dans la dentelle comme Jacques Fontanel (incroyable
en critique vaniteux), Anne Bouvier (en jeune nympho hystérique), Pierre
Deladonchamps (intense et tellement juste), Valérie Moureaux (excellente, et
après elle, vous ne prendrez plus le thé de la même manière !), Viviane
Marcenaro, Elrik Thomas et Éric Théobald. Tous nous font visiter un monde
excentrique, insensé et égoïste qui est, au fond, celui dans lequel nous
vivons !
Philippe Escalier pour http://www.sensitif.fr
Théâtre Tristan Bernard : 64, rue du Rocher 75008 Paris
Du mardi au samedi à 21 h et matinée le samedi à 18 h
01 45 22 08 40