Perthus mis en scène par Gilbert Désveaux, qui sera jouée au
Rond-Point à partir du 9 septembre 2008, est une pièce signée Jean-Marie
Besset, l’un des piliers du théâtre contemporain français. Deux jeunes
comédiens, Robin Causse et Jonathan Drillet se partagent l’affiche avec
Jean-Paul Muel et Alain Marcel. Faisons les présentations.
Jean-Marie Besset
“Je ne sais pas si
c’est un thème que j’ai choisi ou si c’est le thème qui m’a choisi. C’est en
tout cas une façon de revenir sur le premier amour, le seul qui pourrait être
qualifié de pur en définitive.” Avec ce qu’il définit comme des scènes de
la vie de province (où l’on verra forcément une trace d’autobiographie),
Jean-Marie Besset présente une pièce profondément humaine construite sur les
relations mères-fils et retraçant l’histoire d’une rencontre et d’un amour
impossible entre deux garçons.
Lorsqu’il revient sur ses vingt ans de carrière, l’auteur
exprime avant tout une certaine reconnaissance. “J’ai été inventé par la critique, je suis un provincial, je ne
connaissais personne dans ce métier. Cela n’empêchera nullement ma première
pièce Ce
qui arrive et ce qu’on attend d’être jouée en 1993 et de recevoir un prix.
J’ai été dix fois nommé aux Molière. J’ai le sentiment que j’ai été soutenu par
des critiques dont le jugement m’importait beaucoup comme Michel Cournot. Sans
oublier les producteurs qui ont toujours été fidèles à mon travail.”
Parmi ses succès, on citera Commentaire d’amour, Grande
École, Rue de Babylone ou Marie Hasparren. Outrages aux mœurs, L’Oncle
Paul, La Souris verte figurent parmi ses nombreuses
adaptations.
“J’écris une pièce
tous les dix-huit mois. J’alterne les adaptations d’œuvres étrangères que
j’aime avec mes propres pièces. Adapter est avant tout un acte d’amour.” Un
exercice dont il n’a pas le monopole puisqu’André Téchiné est en train de
porter à l’écran sa pièce RER écrite il y a trois ans et qui aura ainsi la particularité d’avoir
d’abord vu le jour au cinéma.
Robin Causse
Arrivé il y a presque deux ans de Montpellier, il s’apprête
à 19 ans à monter la scène du Rond-Point. Enthousiasme, jovialité et énergie
ont émaillé l’entretien.
Comment tout a
commencé ?
J’ai la passion du théâtre depuis tout petit. Mes parents ne
m’ont jamais freiné et m’ont même encouragé dans mes activités extra-scolaires.
À 11 ans, j’avais envie d’apprendre des textes, de jouer des personnages, je
savais déjà faire rire autour de moi. J’ai fait de petits spectacles et puis,
l’été 2006, arrivent Le temps des secrets, le temps des amours et
mon vrai premier rôle. Du coup, mon bac sera suivi de deux mois de tournage
pour la télévision dans le rôle de Marcel Pagnol adolescent. Un superbe
souvenir !
Venir à Paris a été
chose facile ?
J’ai quitté le Sud sans regret. Paris est un choix qui
coulait de source et mes parents l’ont bien compris. Ils m’ont fait confiance,
ils savent que je suis bien entouré. Tout en gardant toujours un petit œil sur
moi !
Que faites-vous une
fois dans la capitale ?
Pas mal de choses : j’ai commencé un BTS en
audiovisuel. En parallèle, j’ai rencontré mon agent et pris des cours de
théâtre sans avoir envie d’entrer dans une école, pour rester libre de faire
tout ce que je voulais. Je pense apprendre plus et plus vite sur le terrain.
La rencontre avec
l’auteur se produit comment ?
J’ai croisé Jean-Marie Besset au cours d’une audition il y a
six mois. Il m’a dit qu’il souhaitait travailler avec moi. Il m’a fait lire la
pièce. J’ai accroché. Ensuite, la lecture s’est bien passée…
Commencer par le
Rond-Point n’est pas donné à tout le monde !
Ce n’est pas évident de réaliser complètement…mais j’ai bien
conscience que j’ai une sacrée chance !
Dans quel genre de
rôle pensez-vous être à l’aise ?
Il faut que j’essaie un peu tout avant de répondre (rires) ! Cela dit, j’aime bien
Feydeau, le vaudeville est très amusant à jouer, je suis attiré par le
classique, mais d’une façon générale, je n’ai pas de réticence particulière. La
comédie me convient bien aussi.
Oublions le
travail ! Quels sont vos loisirs ?
Je fais du sport, de l’escrime. Je me régale… et puis au
théâtre, ça peut toujours servir. Je me défoule, je n’aime pas trop les sports
collectifs et je trouve que manier le fleuret est assez classe ! Sinon, Je
peins (j’adore les portraits, les lignes simples et les couleurs, le tout entre
réalisme et abstrait) et je dessine, pour me détendre.
Jonathan Drillet
“Les répétitions se
passent très bien et l’on va assez vite. Pour moi, Perthus, c’est un travail
d’acteur qui va trancher avec ce que j’ai fait ces deux dernières années.”
Visiblement heureux d’être partie prenante à ce projet, Jonathan Drillet
explique ainsi un retour sur la scène, après une formation un peu
particulière : deux ans de cours à l’École
du Louvre avant de s’inscrire au Conservatoire du XXe. Sa première pièce, Beautiful
Guys, sera la seule montée par Christophe Honoré et donnera lieu à
trois représentations au festival Frictions de Dijon. Il a ensuite
collaboré à Paris avec le metteur en scène Alexis Fichet. Depuis, il a beaucoup
travaillé pour des chorégraphes en
intégrant la compagnie Moving Theater à New York
et ce, bien qu’il ne soit pas danseur. “Je tourne un spectacle de Raimund Hoghe et je m’apprête à travailler
avec Daniel Larrieu”, nous dit cet électron libre avant d’ajouter : “J’ai l’impression de n’avoir jamais fait
d’auditions, j’ai toujours rencontré les gens par hasard. C’est par des amis
américains que j’ai croisé Jean-Marie Besset.” Esprit libre s’il en
est, il a fondé un groupe de performances avec l’actrice Marlène Saldana (The
United Patriotic Squadrons of Blessed Diana) et s’en va régulièrement hanter,
dans des tenues cocasses, quelques lieux très divers pour y lire sur un ton
badin des textes politiques (très actuels !) dont il entend, par ce
procédé, faire ressortir toute l’énormité. Entrer dans la peau de Paul,
littéraire sensible tombant amoureux d’un matheux, devrait lui aller comme un
gant, tant on le voit bien interpréter des personnages désireux d’aller au bout
de leurs passions.
Jean-Paul Muel
Ce comédien expérimenté que nous avons vu récemment dans Good
Canary sous la direction de John Malkovich débute au théâtre dans les
années 70, époque où il participe à tous les spectacles du grand Magic Circus.
Impossible à classer, il excelle tant dans le répertoire
classique (Molière, Musset, Rostand,) que contemporain (Pirandello, Claudel,
Alan Bennet, Neil Simon).
Il aborde également le théâtre musical avec une Périchole
remarquée sous la direction de Jérôme Savary. Il tourne pour la télévision et
le cinéma (il joue dans La Môme d’Olivier Dahan) et met en
scène des auteurs vivants. La saison dernière, il a dirigé Claire Nadeau au
Festival d’Avignon dans La Divine Miss V. de Mark Hampton et
Mary Louise Wilson, spectacle programmé à Paris pour la rentrée 2008.
Alain Marcel,
Élève du Conservatoire et d’Antoine Vitez, ce comédien
jouera au cinéma, pour la télé et au théâtre. Mais c’est principalement vers la
mise en scène (qu’il aborde pour la première fois en 1975) qu’il va se tourner
et en particulier dans le domaine musical qui l’attire comme le prouve les deux
spectacles dont il est l’auteur, Essayez donc nos pédalos et Rayons
femmes fortes.
En 1983, il met en scène Le Barbier de Séville à
l’opéra de Genève. Suivront une dizaine de grands titres du répertoire lyrique
dont L’Italienne
à Alger, La Vie parisienne, L’Élixir d’amour. Par ailleurs, il signe l’adaptation et la
mise en scène de comédies musicales américaines. Il vient de terminer
l’écriture d’un nouveau spectacle musical, L’Opéra de Sarah.
Philippe Escalier pour Starter Tatouvu
Photo Robin Causse par Mathieu Dorthomb