Montserrat CABALLE

¡Viva la diva!

Par Felipe Sandonís pour Sensitif, www.sensitif.fr

 

« Montse », indispensable diminutif pour María de Montserrat Viviana Concepción Caballé i Folc, est née au sein d’une famille très modeste de Barcelone en 1933. Après des débuts quelque peu difficiles, ses professeurs Eugenia Kemmeny et Conchita Badia lui donnent suffisamment confiance pour qu’elle entreprenne douze années d’études au conservatoire de musique du Liceu de Barcelone. Et ce avant d’entamer sa carrière en Suisse où elle fait partie de la compagnie de l’opéra de Bâle de 1957 à 1959, avec un répertoire peu commun pour les chanteuses espagnoles qui fera son succès et lui apportera, dans un premier temps, un engagement pour trois ans en 1960 dans la compagnie résidente de l’opéra de Brême.

Son premier grand succès international a lieu en 1965, lors d’un remplacement de Marilyn Horne dans le rôle titre de Lucrèce Borgia au Carnegie Hall de New York. Son interprétation exceptionnelle séduit amoureux de l’opéra et critiques et se termine par vingt-sept minutes d’ovation. Le lendemain, un journal new-yorkais titre : « Callas + Tebaldi = Caballé ». Une formule que la Callas n’allait pas désavouer (elle qui détestait la Tebaldi, sa rivale) en lui offrant les boucles d’oreilles qu’elle portait dans Norma.

D’importants succès et des engagements majeurs, comme l’interprétation de Norma à la Scala de Milan, viendront par la suite. Montserrat Caballé (spécialisée dans le répertoire belcantiste) a chanté plus de quatre-vingt-dix rôles, de l’opéra baroque à Verdi, Wagner, Puccini et Strauss, et aussi différents que Salomé, Violeta, la Maréchale, Sémiramis ou Isolde, à l’origine de nombreux enregistrements majeurs.

Montse surprend le public international en chantant l’hymne des jeux Olympiques de Barcelone avec Freddie Mercury en 1992. Comme l’a raconté la vedette rock, interpréter Barcelona aux côtés de Montserrat a été un immense défi : le respect éprouvé par le chanteur lui imposait une certaine retenue, mais s’apercevant que « la Caballé » s’investissait autant dans son rôle, il s’est déchaîné sur scène où, ce soir-là, on a assisté au duo de deux divas. L’admiration de Montse pour Freddie lui a fait chanter après son décès quelques tubes de Queen, notamment Bohemian Rhapsody, avec Bruce Dickinson du groupe Iron Maiden.

La voix de Montse a atteint des pianissimos exceptionnels. Sa maîtrise, sa pureté et sa puissance ont été cultivées par des années de travail et un instrument vocal inné incomparable.

Après le chant, elle a consacré son temps à des activités bénévoles. Elle est ainsi devenue ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco et a créé une association pour aider les enfants démunis de Barcelone. Montse est aussi le porte-drapeau de sa région, la Catalogne : chaque année, elle se rend au monastère de Montserrat, un écrin préservé à une quarantaine de kilomètres de sa ville natale.

Personnalité d’une grande simplicité, « apprentie de la vie », elle est aussi une femme courageuse et intrépide. La soprano – fait peu connu – vit depuis vingt ans avec une tumeur bénigne à la tête ; les médecins ont diagnostiqué une courte espérance de vie, mais loin de freiner la chanteuse, cela l’a poussée à aller plus loin encore dans son art.

De par son charisme impressionnant et sa voix grandiose, on ne risquera pas le discrédit en lui décernant le titre de meilleure soprano encore parmi nous. ¡Viva la diva!

A propos Sensitif

Journaliste, photographe, éditeur du magazine Sensitif : www.sensitif.fr
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