Par Philippe Escalier pour le magazine Sensitif de février 2008 : www.sensitf.fr
Quel pied ! Trivialement, voilà bien résumé le sentiment de jubilation qui accompagne la vision de ce spectacle. Adaptée par Jean-Marie Besset et mise en scène par Jean-Luc Revol, Une Souris verte écrite par Douglas Carter Beane aborde le sujet de l’impossible coming-out d’un célèbre acteur. Avec son style vivant et délicieusement corrosif, cette comédie de mœurs, faisant fi des contraintes habituelles du théâtre, est une remarquable réussite.
Diane est une productrice lucide et cynique très attachée, quoi que lesbienne, à Michaël, acteur jeune et brillant. Il est gay, elle le sait et l’assume, consciente de détenir les moyens professionnels de le garder pour elle. Pourtant, Michaël tombe amoureux d’Alex, jeune gigolo au cœur tendre, mettant ainsi en péril les nouveaux projets de Diane, désireuse d’adapter au cinéma une pièce à succès bâtie autour de deux homos.
Parce que la réussite d’une belle carrière interdit que l’on dévoile son homosexualité, Diane met son énergie à détruire l’équilibre affectif que Michaël tente de construire, malgré ses peurs et les tentations de l’alcool. Arguments imparables énoncés avec grands sourires carnassiers à la clé, elle évacue Alex et le sujet gay du film pour recréer, à la vie comme à l’écran, un gentil petit couple hétéro.
Cette histoire, finalement commune, tant elle a dû se produire de fois dans la réalité du showbiz, se construit sur des dialogues cyniques mais jamais racoleurs, drôles et savoureux, magistralement orchestrés par Jean-Luc Revol. Le quatuor qui s’affronte sur scène est parfait. Raphaëline Goupilleau, avec sa voix si particulière, fait un immense numéro, digne des plus grandes actrices, donnant à ce sublime rôle la dimension qu’il mérite et l’on reste, devant sa prestation, béat d’admiration. Face à elle, Arnaud Binard est parfait en jeune premier que ses faiblesses rendent séduisant. L’on est heureux de le retrouver dans une telle pièce. Là, il craque (et on le comprend !) pour Édouard Collin qui, avec Alex, tient son plus beau rôle depuis ses débuts. Transformé (sans grand mal) en bombe sexuelle, Édouard Collin sait se montrer déjanté mais aussi attendrissant et humain et l’on trouve chez ce jeune acteur l’étendue d’une palette de jeu très prometteuse. Enfin, dans la peau de la copine qui vient semer la panique (les compromis ont toujours un prix !), Julie Debazac s’impose avec une grande finesse naturelle. Jean-Luc Revol, dont il convient de saluer la qualité du travail entrepris depuis des années, vient donner à cette pièce, intelligente et hautement divertissante, les allures énergiques et subtiles qui lui vont à merveille.
Rater ce spectacle ne serait pas une faute, ce serait un crime !
Tristan Bernard : 64, rue du Rocher 75008 Paris M° Villiers
Du mardi au samedi à 21 h et le dimanche à 18 h
01 45 22 08 40
Moi aussi j\’ai été épaté par le numéro subtil de Raphaelline Goupilleau
Jérôme