Journaliste et écrivain, Pierre Notte est à l’affiche de la Pépinière Opéra avec Moi aussi, je suis Catherine Deneuve, pièce récemment auréolée du prix Lucien Barrière. L’occasion rêvée de lui poser la question : qui êtes-vous Pierre Notte ?
D’une voix retenue, un peu étouffée, il s’exprime avec une assurance contrastant avec des regards ou des attitudes qui pourraient faire songer à un adolescent intimidé. Né le 21 septembre 1969 à Amiens, Pierre Notte est loin d’avoir effectué un parcours classique. « Les conventions sont pour moi des codes que je ne peux pas déchiffrer » dit-il pour expliquer son statut d’autodidacte pour qui l’écriture a été très vite une nécessité. « Quand une chose doit être écrite, cela devient une obsession devant laquelle tout doit plier. » À 19 ans, son premier roman La Chanson de Madame Rosenfelt est publié par Maurice Nadeau. C’est l’époque où on lui propose de tenir une rubrique télévision au Nouvel Observateur allant ainsi à la découverte du monde la presse dont il ignore tout : « Au début, j’avais le sentiment d’être un usurpateur ! » Son passage à L’Événement du jeudi puis ses collaborations à Epok et au magazine Théâtres dont il est devenu rédacteur en chef, ont dû, depuis, effacer ce scrupule. Sans une certaine discipline, impossible de se consacrer à ses textes, parmi lesquels un second roman, La Nuit irrésolue, ou encore Les couteaux dans le dos écrit pour ses élèves du lycée de Viry Chatillon dont il est intervenant artistique.
La double casquette, critique et auteur dramatique n’est pas facile à porter, il en convient : « Compte tenu de mon métier de journaliste, je me suis toujours tenu à carreau. Il m’a fallu du temps pour être sûr de moi et commencer à envoyer mes pièces. Dans un premier temps je n’ai pas été noyé sous les réponses positives! M’ont soutenu, Jacques Gamblin (sa lecture radiophonique de Clémence à mon bras a contribué à faire connaître la pièce, ndlr) et Jean-Claude Cotillard qui a découvert ma pièce par le biais de l’Association Beaumarchais. Son directeur, Paul Tabet, me défend de manière exceptionnelle. Il a notamment permis une lecture à Alfortville de Moi aussi je suis Catherine Deneuve, ayant aboutie, grâce à Vincent Serreau, dans le théâtre d’Edy Saiovici. » Une pièce qu’il résume en parlant de « véritable farce méchante » racontant des intimités dévastées. Quand il est question de choses simples et graves, le rire s’impose comme la solution salvatrice. Un humour aux tonalités musicales agrémentées d’une quinzaine de chansons de sa composition.
Après La maman de Victor qui lui permet d’être joué pour la première fois, L’Ennui d’Alice devant les arbres est montée à l’Européen. « Je pourrais presque dire que je suis un plagiaire tellement je suis influencé par certains auteurs. C’est une chose que j’assume et qui me nourrit. Je ne pense pas que cela empêche la création de son propre univers, bien au contraire !» dit-il à propos de son style. Au moment où L’État de Gertrude spectacle cabaret, est en train de se finaliser pour Radio France et quand la Pépinière Opéra le met à l’honneur, Pierre Notte pourrait, avec beaucoup humour, avoir la tentation de nous provoquer avec un : « Moi aussi je suis William Shakespeare ! »
Philippe Escalier
Pépinière Opéra : 7 rue Louis le Grand 75002 Paris M° Opéra – à partir du 19 août, du mardi au samedi à 21h & matinée samedi à 18h – 01 42 61 44 16
tres sympa ton bloga plousssssssssalain