Un spectacle étonnant, comme on aimerait pouvoir en découvrir plus souvent !
Déjantée et comique, cette comédie de Nikolaï Erdman est fondée sur une critique acerbe de l’individu (dont les appétits de pouvoir et les envies de compromission n’ont aucune limite) et de la société soviétique naissante. Dans la banlieue de Moscou, en 1924, deux familles bourgeoises, toujours attachées au Tsar, se démènent pour être bien vues par le nouveau régime. Mariage arrangée, ("ma fille contre un communiste!"), situations invraisemblables, le monde d’Erdman est fou, irrésistiblement drôle mais, au final, tellement vrai. Cet auteur (exilé en 1933), dont la seconde pièce, «Le suicidé» a été censurée en 1928, prouve qu’il n’est nul besoin de plonger le spectateur dans un océan de complexité pour ébaucher une critique sociale féroce et pertinente..
Pour «Le Mandat», il fallait une mise en scène qui aille franchement dans le burlesque en se gardant des excès. Stéphane Douret, assisté d’Olivier Fredj, ont apporté des idées, une fantaisie stylée et tonifiante mais aussi beaucoup de tenue. Grâce à eux, douze comédiens (dont Antoine Rosenfeld faisant de brillants débuts) peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes. Ils nous offrent deux heures inoubliables, jouées avec une maestria rare. Ce spectacle sur le totalitarisme peut se prétendre totalement réussi. Il reste encore quatre représentations. Un conseil : précipitez-vous !
Philippe Escalier
Théâtre du Nord-Ouest : 13 rue du faubourg Montmartre (9e) M° Grands Boulevards – 22 mai à 14h30, 8 & 10 juin à 14h30, 11 juin à 20h45 – 01 47 70 32 75 – réservations par mails : lomnibus@noos.fr, ou sur les sites www.lemandat.fr et www.mesbillets.com
Quel dommage que je ne sois pas parisien, je serais venu voir cette pièce avec plaisir…Je trouve le blog de David très efficace, alliant un humour décallé et une pointe de réalité… C\’est un sacré travail d\’acteur, j\’adore !Manu