Sortie le 2 mars – 1h47
Au XVIIe siècle, la plus célèbre et la plus belle actrice d’Angleterre se prénommait…Edward ! La scène interdite aux femmes, il revenait aux hommes d’interpréter leurs rôles en travestis. Lorsque le Roi Charles II rentre d’exil, mettant fin à dix-huit années de puritanisme imposés par Cromwell, le théâtre reprend tous ses droits. Edward Kynaston, devenu la coqueluche des londoniens, rayonne. Mais, peu attiré par le sexe opposé, il a le malheur de déplaire à la maîtresse du souverain qui fait abolir le décret interdisant aux femmes de monter sur scène. C’en est fini du règne du jeune comédien, condamné à hanter les bas-fonds de la capitale pour continuer à jouer et à survivre.
Véridique, cette histoire renaît grâce au talent de Richard Eyre qui signe là son cinquième long métrage, le plus abouti de tous. Homme de théâtre, il est inspiré par un sujet qu’il maîtrise et affectionne. Le destin de Kynaston est retracé avec le faste qui caractérise ces années 1660, où l’Angleterre renaît. Dans des costumes et des décors magnifiques, servis par une photo d’une qualité remarquable, il construit son film comme un thriller, avec une distribution idéale. Dans le rôle principal, Billy Crudup (débute en 1996 dans « Sleepers », puis tourne une quinzaine de films dont « Big Fish » en 2003) étonne. On n’attendait pas forcément ce bogosse brun dans un tel rôle. Le voilà tout d’un coup, plus attirant encore en femme qu’en homme, doué d’une sensualité étonnante, jouant Desdémone avec les coquetteries de l’époque. En face de lui, Claire Danes interprète l’amoureuse éconduite, celle qui va devenir une rivale redoutable. La comédienne (elle a tourné dans « The Hours ») crève l’écran par sa présence, sa beauté naturelle et son talent. Plus que jamais royal, Rupert Everett incarne Charles II avec une majesté toujours impertinente et ironique qui lui va si bien. On remarquera aussi la présence de Ben Chaplin dans la peau du second duc de Buckingham, à voile ou à vapeur, selon d’où vient le vent !
Formidablement intéressant, magnifiquement interprété, il faudrait nous payer fort cher pour nous faire dire, un tant soit peu, du mal d’un film que nous avons adoré !
Philippe Escalier
coucou rapide …zibous bouh !