Catherine Lara

Catherine LARA

Tout la passionne. La vie, les gens, la musique, son travail. La rencontrer au moment de la sortie de « Graal » – l’album est bien accueilli par le public – n’a pas été facile. Au Bar des Ondes, entre deux interviews données à Radio France, elle répond à nos questions avec une gentillesse et une spontanéité rares dans le métier. Le temps de faire une petite escapade (trop courte) dans sa vie.

Vous a t-il fallu beaucoup de temps pour atteindre le

« Graal » ?

Après la sortie d’ »Aral », je suis restée au calme pendant huit ans, le temps nécessaire à la réflexion. J’ai l’habitude de ressentir et d’écrire la musique avec une intime conviction. Je ne veux pas que mes albums sortent au rythme du Beaujolais nouveau ! J’ai fait un grand break pour écrire sur la légende du Graal qui me tient à cœur. C’est un univers onirique avec plein de symboles et de magie qui, je l’espère, fera rêver les mômes de 7 à 77 ans ! Pour moi le Graal, au delà de l’objet, c’est l’envie de la perfection que l’on va chercher au fond de soi. On vit dans un monde chaotique, il vaut mieux s’accrocher à de belles valeurs.

Comment avez-vous constitué votre équipe musicale ?

Cela a pris quatre ans. J’avais envie de trouver des chanteurs qui ne soient pas seulement des « performeurs ». Je les ai choisis pour leurs qualités de comédiens, il fallait qu’ils correspondent au rôle. La plupart ne sont pas très connus, mis à part Curt Close, l’une des plus belles voix de Belgique et Pablo Villafranca.

Pourquoi deux disques presque coup sur coup ?

Je ne suis pas montée sur scène depuis huit ans et le public me manque. J’ai eu envie d’écrire. Même si je suis une amoureuse des jeux de mots les plus nuls et les plus rigolos, en même temps, ils deviennent merveilleux aussitôt qu’ils sont poétiques. Ce disque va s’appeler « Passe-moi le ciel ». Cet album est celui dans lequel j’ai attaché le plus d’importance à la véracité de mes émotions, le plus théâtral. C’est le côté de moi le plus féminin qui ressort dans cette histoire, alors que ma voix n’a jamais été aussi grave ! Elle a pris son envol en baissant !

Que pensez-vous de la chanson française aujourd’hui ?

Il y a d’un côté une chanson de qualité. Il y a toujours Jonas, Sheller, Murat, Cabrel, Souchon et les autres. Mais on entend à la radio des programmes uniformisés avec des chanteurs à voix qui ont tendance à chanter le bottin. Ils ont parfois du talent, parmi tous les mômes de la Star Ac par exemple, certains doivent avoir une belle âme, mais je trouve toujours terrible de donner la limousine avant de la mériter ! Les choses arrivent trop vite. On vit dans une société de consommation « kleenex » et ça ma gonfle ! Je ne veux pas passer pour une vieille conne en train de radoter mais quand je vois comment se sont construites les carrières des gens que je citais tout à l’heure, sur de belles fondations, on est loin des HLM en cartons pâte que l’on produit aujourd’hui ! En fait, on abîme ces pauvres mômes qui croient que c’est arrivé. Notre société en fait des polaroids qui jaunissent très vite !

Comment expliquez-vous les échecs que vous avez connus ?

C’est complètement normal ! D’abord je ne suis pas universelle, ensuite j’ai le droit à l’erreur, enfin je ne me suis pas assez aimée pour me recopier pendant 25 ans : je me serais drôlement emmerdée ! Mais dans la vie on ne peut pas faire que des tubes. J’ai le sentiment de me respecter, d’avoir fait des choses que je ressentais vraiment et non pas de suivre la mode, ce qui est très démodé ! Vous savez, quand j’ai fait « Aral », je n’ai jamais imaginé qu’il marcherait dans 28 pays ! Je l’ai fait avec amour.

Vous avez essayé un peu tous les genres musicaux. Lequel a votre préférence aujourd’hui ?

J’ai la porte immensément ouverte à toutes les formes de musiques capables de me convaincre. Cela va de Mozart à NTM, en passant par Iam, le R&B, la bonne variété. Je suis un peu moins jazz. Tout peut me séduire. J’aime les chants Bulgares et d’une façon générale, je suis très attirée par les musiques du monde, d’où qu’elles viennent.

Si on parle un peu de la femme, aujourd’hui, êtes-vous heureuse ?

Extrêmement ! Avec mes petites merdouilles, comme tout le monde, car je ne vis pas dans le bleu ciel comme une imbécile ! Tout me touche, ce qui arrive dans le monde m’inquiète mais j’ai tendance à être une femme épanouie : je vis une très belle histoire d’amour, j’ai la chance d’avoir encore ma vieille mère de 90 ans qui pète le feu et conduit toujours et le métier que j’aime me fait vivre. Du coup, j’ai de quoi me réveiller de bonne humeur tous les matins !

Je suppose que vous n’avez jamais regretté d’avoir dit la vérité sur votre vie ?

Non, je ne peux pas regretter d’avoir été honnête. Je m’aperçois qu’on ne m’a jamais enquiquinée avec ça, jamais ! Je me sens libre, il m’arrive de me promener main dans la main avec la compagne avec laquelle j’ai la chance de vivre. Je vis une histoire d’amour et je sens réducteur de dire que l’on est homo ou hétéro. Je n’ai pas envie de me faire enfermer dans un ghetto quel qu’il soit. Jamais je ne me suis posée la question de savoir si telle ou telle chose se faisait ou pas. Je suis une femme amoureuse, point barre ! Je l’ai été avec des hommes, au début de ma vie et c’était aussi de belles histoires.

Pourtant vous avez dans votre entourage des gens connus qui se cachent…

Oui, mais cela, il faut le respecter aussi. Certains sont timides, on n’est pas obligé de tout dire non plus. On fait partie d’un monde très médiatisé où le show bizz doit passer à confesse. Quand on m’a posé la question, j’ai eu envie de répondre. Mais laissons à chacun son libre arbitre et sa part de jardin secret !

Vos fans se plaignent que vos premiers albums ne soient plus disponibles. Y a t-il des rééditions en vue ?

Pour moi, les premiers albums sont si loin et je vis tournée vers l’avenir. Mais, en effet, Universal vient de sortir une jolie compil qui s’appelle la « Long Box » où l’on retrouve beaucoup de titres dont certains, en effet, ne sont plus disponibles.

Pour continuer dans le passé, quel souvenir gardez-vous de Barbara ?

C’est très dur de parler d’elle, parce que c’est encore à vif pour moi. Elle me manque. Ses messages qu’elle écrivait en faisant des dessins et qu’il fallait déchiffrer me manquent. C’était une merveilleuse créature, elle avait tout ce que j’aime. Elle avait le charisme, d’ailleurs, le charisme, c’est elle qui l’a inventé ! L’humour, j’ai tellement ri avec elle. L’intelligence, la beauté. Rien de commun, ni d’ordinaire. Je pourrais vous en parler pendant des heures. C’était une princesse, une magicienne, à l’époque, c’était mon Merlin à moi !

Propos recueillis par Philippe Escalier

 

GRAAL chez BMG Media

PASSE-MOI LE CIEL sort en avril 2005 chez Trema-AZ-Universal Music

LONG BOX chez AZ Universal coffret 3 CD

 

 

A propos Sensitif

Journaliste, photographe, éditeur du magazine Sensitif : www.sensitif.fr
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2 commentaires pour Catherine Lara

  1. FRANIE dit :

    SUPER ! peux-tu obtenir une interview de Michel Polnareff ? je suis une admiratrice depuis toujours mais il est venu sur ma messagerie il y a peu de temps et j\’ai un gros doute là !… son adresse : L-AMIRAL@HOTMAIL.COM il a lu un de mes messages sur son mur et le lendemain j\’avais la demande d\’acceptation pour aller sur ma messagerie et surprise… il était là ( soit disant) sais tu quelque chose à ce sujet ? j\’ai l\’impression qu\’il y a un usurpateur qui se fait passer pour lui mais doute encore une fois, il est indiqué sous mon contact : www polnaweb.com bref tu es journaliste et doit être au courant de ce genre de truc… Pour C.LARA bravo !

  2. Hadrien dit :

    Pour repondre a dorémi16 a porpos de michel polnareff, OUI c\’est bien l\’adresse du vrai michel polnareff qui est né a Nérac en 1944! J\’ai fait un tas de recherches (j\’ai méme telephoné a un hotel ou il avait séjourné plus de 2 ans) pour avoir des précisions. Je lui ai demandé le nom des barmen de cet hotel en 1989 (epoque ou il a sejourné) et m\’a repondu bon. Je lui ai posé un tas d\’autres questions auxquelles seul Michel Polnareff pouvait repondre et toutes les réponces ont été corectes.

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